Psychothérapie de couple
Psychothérapie de couple dite aussi psychothérapie conjugale
Notre approche
Agir, se mettre en mouvement avec l’autre, est-ce si difficile ? N’y-a-t-il pas eu oubli d’une mise à jour régulière ? Il est facile de dresser un décor de désolations plutôt que de voir le chemin accompli, et maintenant que faisons-nous de tout cela ?
Chacun pense trouver dans la thérapie de couple une recette miracle. Y aurait-il un manque d’imagination ? C’est la hantise d’atteindre la date de péremption au lieu de se réinventer. Chacun s’enferme dans un certain conformisme. Et si cela était une prise de conscience qu’il est temps, c’est le moment d’agir.
Souvent, le couple démarre une thérapie en espérant que l’autre comprenne et change. Ce n’est pas la réalité et la finalité de la thérapie. Ce n’est pas à l’autre de faire des efforts, c’est à chacun dans le couple.
Tout individu est 100% responsable de ce qu’il vit. Le conflit est une guerre de tranchées, si chacun attend que l’autre sorte de son repère et se mette en danger pour venir le rejoindre, il peut attendre longtemps ou avec un peu de chance l’un va faire l’effort mais si l’autre reste sur ses positions, le conflit repartira de plus belle.
Lorsque l’un des deux ne veut pas se remettre en question, c’est toujours la faute de l’autre, il faut alors comprendre que le travail de la thérapie de couple ne peut pas avancer. Il peut y avoir un refus de voir la réalité alors l’échec de la thérapie restera la faute de l’autre, voir du thérapeute. C’est une projection.
Le conjoint ou la conjointe qui accuse l’autre ne veut pas ou ne peut pas se rencontrer dans sa part d’ombre, ne veut pas ou ne peut pas se remettre en question donc projette sur l’autre ou tout autre la faute de l’échec. Il est alors intéressant de proposer un travail thérapeutique individuel parfois, voir proposer un autre thérapeute de couple pour qu’il y ai une prise de conscience.
La responsabilité revient à chacun de se regarder dans le miroir et de travailler sur lui-même. C’est affronter la réalité, c’est une épreuve et cela demande de dépasser ses blessures, ses croyances limitantes et de trouver un équilibre émotionnel en soi et non grâce à l’autre. Cela suscite de l’appréhension, car c’est compréhensible qu’il puisse y avoir l’angoisse de la séparation. C’est aussi la peur de perdre l’objet autre qui nous appartient. Mais qui dit cela ? L’autre ne nous appartient jamais et c’est insupportable d’en prendre conscience. Il s’agit de s’inviter à sortir de l’interdépendance. Si l’autre, d’ailleurs, tente de s’individuer, d’affirmer son autonomie, c’est douloureux et dans tous les cas le couple est vulnérable.
Souvent, l’un cherche à rester dans la fusion, presque à se dissoudre dans l’autre et la thérapie de couple, même si elle est acceptée, fait peur. Vouloir à tout prix le réconfort de l’autre et si cet autre ne veut pas, cela va susciter de l’angoisse, d’un côté comme de l’autre car l’un a l’impression d’étouffer, et l’autre se croit rejeté. Chacun est en mode de défense, d’attaque, de repli, voire dans un mutisme qui va durer…La question est : où est ma place aujourd’hui dans le couple ? Et chacun a peur alors de se retrouver sans défense, sans protection. L’autre devient l’ennemi, pourtant, l’ennemi c’est la situation, l’incompréhension.
Qu’est-ce que tout cela veut dire ?
Pour bien comprendre de quoi il s’agit, chacun doit se voir en tant que sujet libre qui peut se réaliser mais jamais grâce ou aux dépends de l’autre dans le couple. Les deux personnes peuvent vivre pleinement dans le je et dans le nous. C’est s’inviter à sortir de l’idée que la partie adverse pèse sur soi, sans se remettre en cause soi-même.
Toutefois, pour accepter pleinement sa part de responsabilité, il faut pouvoir donner du sens à ce qui se vit. Il faut un peu de temps pour comprendre que chaque personne est responsable de son environnement. C’est comprendre que l’aide ne peut pas venir d’un tiers mais de soi. C’est pouvoir assumer une responsabilité personnelle.
Lorsque l’on parle de responsabilité, il ne faut pas oublier le sentiment de culpabilité que l’un ou l’autre veut assumer pour le couple, parfois pour se dédouaner finalement.
Il n’est pas question ici de parler de blessure émotionnelle infligée à l’autre, car se serait se limiter, et la personne peut rester bloqué dans l’idée d’avoir fait un mauvais choix. « Tout est entièrement ma faute, je le reconnais. » Mais la personne reste figée à cet endroit sans vouloir travailler sur elle-même.
Il est nécessaire d’être conscient d’avoir toujours le choix de pouvoir faire autrement car le sentiment de culpabilité exprimé serait bien une excuse afin de ne pas se responsabiliser maintenant et de ne pas choisir pleinement ce travail de couple. Attention à l’ambivalence. L’expérience d’hier ne sera plus l’expérience présente, il serait bon de se proposer une nouvelle compréhension du couple, et de s’inviter dans un processus nouveau et dynamique.
Je vois tellement souvent des personnes qui ne veulent pas se remettre en question et tout est toujours la faute de l’autre : « il ou elle n’entend pas, ne comprend pas ma souffrance, mon attente, mes besoins…. » Ce n’est pas à l’autre de combler, comprendre, soigner… L’autre n’est ni un parent, ni un ou une infirmière, ni un ou une psy. L’autre est un être libre, un co-équipier. S’il répond à la demande, c’est un choix profond et véritable, jamais une obligation. Sinon, le couple reste dans sa névrose symbiotique : « je te choisis pour que tu répondes à mes manques, mes souffrances, mes attentes ». Le couple ce n’est pas cela, la thérapie du couple ne sert donc pas à ce que celui ou celle qui se dérobe à l’attente de l’autre et souhaite sortir de cet état se retrouve cloué au pilori : « tout est ta faute, tu n’as qu’à changer, moi je n’ai pas de problème. » Nous vivons dans un monde de l’instantané, du tout, tout de suite, mais un couple cela se bâtit avec objectivité, patience, humour, jouissance, tendresse etc… A chacun de trouver sa recette et d’y mettre du mystère. Souvent chacun veut être heureux dans le je et néglige le nous. Mais qu’est-ce qu’être heureux ? Est-ce la responsabilité de l’autre dans le couple ? Plutôt que de chercher dans le couple un bénéfice potentiel, il est plus fréquent d’identifier une menace. Il est important, en thérapie de couple, de travailler à donner du sens.
- si je souhaite que l’autre m’entende, je m’interroge, est-ce que moi je l’entends, est-ce que je m’entends ?
- Si l’autre n’en peut plus, je regarde à l’intérieur de moi, en quoi cela peut-il faire écho en moi ? Qu’est-ce que je peux envisager pour moi, pour l’autre ? Pour moi tout est bien, pourtant il n’y a pas que moi dans l’équipe.
- Si j’étouffe, puis-je devenir force de proposition pour moi-même et éventuellement pour l’autre ? En effet, l’autre n’a pas le pouvoir de m’étouffer,
- Si je suis fatigué(e) d’être force de proposition pour le couple, ne suis-je pas responsable ? Est-ce que je laisse de l’espace pour que l’autre se réalise ? Pour que l’on puisse encore se rencontrer ?
- Chaque jour, je souhaite que l’autre soit disponible pour moi, suis-je disponible pour l’autre ?
- Je sais m’exprimer et me plaindre, être en colère ou triste, est-ce que je reconnais cet état chez moi, et chez l’autre ? Ou est-ce que je retourne la situation pour rester le centre du monde ?
- Ai-je toujours raison ? Ou puis-je reconnaître mes erreurs, voir ses erreurs ?
- Si je demande à l’autre de s’excuser, est-ce que je sais présenter mes excuses, être désolé de la situation qui n’est pas celle que je souhaite ?
- Si je demande à l’autre de me respecter, est-ce que je me respecte ?
- Si je rêve d’une sexualité plus épanouie, puis-je m’inviter à séduire l’autre ?
Etc…
Il est facile de se plaindre de l’autre, il est plus difficile de travailler sur soi. Pourtant, c’est l’enjeu de la thérapie de couple, on ne peut travailler que sur soi. L’ennemi n’est pas l’autre dans le couple, le conflit est l’ennemi. Alors, si chaque conjoint travaille sur lui-même, et comprend qu’il n’est pas en danger lorqu’il ose se dire afin de partager voire rencontrer l’autre, la thérapie fait sens et peut commencer.
Pour cela, chacun doit prendre ses responsabilités et faire un peu taire l’ego. Ce qui est porteur, c’est de pouvoir œuvrer à rester positif dans une situation et des circonstances difficiles voire négatives. C’est s’interroger ensemble à trouver des solutions au conflit, c’est vouloir faire le choix du renouvellement de l’engagement dans l’équipe, trouver un dynamisme nouveau, car dans le couple il y a un je, mais il y a aussi un nous. Le couple prend conscience de ses dimensions existentielles, il s’interroge sur ses buts.
Cela signifie-t-il que de s’engager à se rencontrer soi dans le nous, s’interroger, prendre ses responsabilités n’aura que des avantages dans le futur ? Non, cela voudrait dire qu’à force de voir le bon côté du couple il n’y aura plus de danger. Certainement pas. Dans les faits, la vie pourra toujours proposer de faire face à l’adversité, il y aura toujours des dangers, pourtant le couple pourra renouveler, faire évoluer ses choix consciemment et chercher à nouveau des solutions ensemble. Au lieu de fuir à nouveau ou de sombrer dans la colère ou le désespoir, le couple aura les ressources pour s’adapter. Il aura gagné en maturité. La thérapie de couple aura porté ses fruits.
Et ce travail de thérapie s’organise en plusieurs étapes, notamment :
Première étape : trouver un endroit sécure en soi, à la maison. En début de travail, il est facile de rechuter : « tout est ta faute ». Un endroit sécure à la maison ( ou autre, par exemple aller marcher, dans un espace où l’on se sent bien …) c’est pouvoir s’isoler pour que le conflit puisse se calmer, avec l’accord de l’autre, cet endroit est le lieu pour retrouver son calme, l’autre ne poursuit pas pour continuer la dispute afin d’avoir le dernier mot.
Un endroit sécure en soi, c’est trouver la force lorsque l’autre est énervé – et qu’il projette sur soi son mal être ou son besoin d’avoir raison… – de trouver à l’intérieur la force et la bienveillance pour se dire « ok il (elle) est énervé(e) je prends le recul nécessaire ». Pour cela il est bon de comprendre les enjeux du triangle de Karpman (triangle dramatique) où chaque individu joue un rôle inconscient. Il se retrouve victime, bourreau, ou sauveur de l’autre. Lorsqu’on arrive à stopper ce jeu inconscient, à ne plus y entrer, à savoir en sortir, on peut accueillir l’autre dans son état.
Deuxième étape : le couple commence à comprendre la responsabilité de chacun, le travail d’analyse du conflit commence. Qu’est-ce qui s’est dit ? Jamais de « tu » car le « tu » tue la communication. La phrase qui commence par « tu » propose un ordre, une certitude, une injonction. L’autre est déjà en mode défense, il est possible alors de rejouer la scène en se parlant différemment, se dire, à oser s’exprimer (je me sens triste, je ne comprends pas, je me sens abandonné, ….). C’est apprendre à communiquer: à s’écouter, à entendre l’autre sans être envahi par ce dernier/cette dernière
Troisième étape : il y a un peu d’apaisement, la phase rencontre peut commencer, une thérapie ne sert pas à recoller les morceaux. Le travail thérapeutique sert à construire le couple d’aujourd’hui, car quand le foyer est bâti, le couple s’est établi dans des habitudes et la lassitude s’installe. Le couple sort de la « lune de miel » et se confronte à la réalité. Ici, la proposition est de se réinventer, de se découvrir, et de se séduire.
Quatrième étape : sortir de la frustration, du fatalisme, voir une perspective pour soi et pour le couple, prendre son envol à deux ou se rendre compte avec maturité, sérénité que chacun est prêt à prendre un autre chemin.
La thérapie de couple n’est pas magique, il ne s’agit pas de prétendre que tout sera facile car le thérapeute va offrir les réponses à votre place. Il est nécessaire de se remettre en question, de s’interroger, et d’arrêter de considérer l’autre comme responsable. La thérapie est un chemin exigeant, demandant de s’investir, propose des remises en question, et commence par soi uniquement.
La thérapie de couple permet d’offrir un éclairage nouveau sur soi, sur lui ou elle et sur le couple, de pouvoir analyser et comprendre ce qui interfère dans le mode de communication, de savoir que l’on a une histoire commune et que, pourtant, une nouvelle page peut s’écrire en conscience et ensemble ou non. C’est un apprentissage de l’existence, du partage, de prise de conscience de ses responsabilités, de s’autoriser à ressentir enfin, tout cela progressivement.
Donnez vos cœurs, mais pas à la garde l’un de l’autre.
Car seul la main de la vie peut contenir vos cœurs.